Friday, March 20, 2015

Au théâtre ce soir

Pouvez-vous imaginer qu'une pièce de théâtre consacrée à Jean-Louis Debré fasse ses débuts sur les grands boulevards? C'est à peu près ce qui est en train de se passer aux Etats-Unis, où une pièce consacrée à Antonin "Nino" Scalia, un des neufs juges de la Cour suprême, fait ses débuts ces jours-ci à Broadway. La pièce s'intitule "The originalist", du nom de la théorie de l'interprétation constitutionnelle que le juge conservateur Scalia se flatte d'incarner depuis de nombreuses années. Pour aller très (très) vite, cette théorie, dans sa variante développée par A. Scalia, repose sur l'idée que la Constitution des Etats-Unis doit être interprétée conformément au sens commun des mots à l'époque de son adoption c'est à dire, notamment, en refusant toute idée d'interprétation "vivante" ou "constructive" de la Constitution destinée à l'adapter au monde contemporain.

Ce n'est pas la première fois, loin de là, que la Cour suprême est mise en scène dans le théatre, le cinéma ou la culture populaire américaine. On peut retrouver dans Wikipedia un inventaire assez complet de ces apparitions. On se souviendra, notamment, du film Amistad de Steven Spielberg, consacré à une affaire jugée par la Cour en 1841 et portant sur la traite des esclaves, ou du film Larry Flint, consacré à la vie et aux tribulations judiciaires d'un éditeur de magazines à destination d'un public essentiellement masculin. Dans le domaine de la pure fiction, on évoquera le film l'Affaire Pélican tiré du roman homonyme de John Grisham (NB: film qui m'a donné l'idée de mon premier sujet de cas pratique). Parmi les oeuvres à ma connaissance non diffusées en France, figurent entre autres choses un téléfilm consacré à l'affaire Gideon v. Wrainwright (1963) qui consacra le droit, pour les personnes à faibles revenus,  à l'assistance gratuite d'un avocat en manière criminelle : Henri Fonda y incarne le prisonnier qui fut à l'origine de cette affaire. De manière plus diluée et subliminale, on pourra aussi rappeler que chaque qu'un policier déclare, dans une série américaine, "Vous avez le droit de garder le silence... etc.", il met en oeuvre un principe dégagé par la Cour suprême dans l'affaire Miranda c. Arizona (1966).

Cette présence cinématographique importante est peut-être la raison pour laquelle un petit plaisantin ou un algorithme débridé ont concocté, dans l'encyclopédie cinématographique en ligne IMDB, une notice biographique consacrée à un certain Earl Warren, acteur. La notice mentionne, dans la rubrique "divers", que l'intéressé était aussi "Chief Justice"(président) de la Suprême)...

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