Jamais à court
d’imagination pour mettre des bâtons dans les roues de l’administration Obama,
quarante-sept sénateurs républicains ont adressé, il y a quelques jours, un courrier aux dirigeants iraniens pour « porter à leur
attention » les pouvoirs du Sénat américain en matière de conclusion de
traités internationaux. Le courrier indique notamment que tout traité conclu
dans le cadre de la négociation nucléaire devrait recevoir l’aval d’une
majorité des deux tiers du Sénat américain préalablement à sa ratification par
le Président. Dans le cas contraire, il s’agirait d’un simple « executive
agreement », sur lequel le prochain président des Etats-Unis serait libre
de revenir à sa guise. A la suite du
courrier, chacun y est allé de sa petite leçon de droit constitutionnel et
international, sous l’œil goguenard des dirigeants iraniens.
Sans remonter au
traité de Versailles et à la SDN, on peut rappeler que le Sénat américain a
souvent fait figure, au cours des dernières décennies, de « triangle des Bermudes »
pour les traités internationaux : tous n’en sont pas ressortis. Parmi quelques exemples particulièrement marquants de cette réticence :
-la convention des Nations Unies
sur le droit de la mer (UNCLOS, ou Convention de Montego Bay), ouverte à la
signature en 1982, et qui compte aujourd’hui plus de 160 Etats parties, n’a jamais réussi à
franchir la barrière du Sénat américain. A l’origine, les réticences étaient
communes à l’Exécutif et au Congrès, et portaient sur le régime des fonds
marins. Mais cette objection a perdu sa portée depuis la révision de la
convention sur ce point, en 1994. Malgré le soutien à la ratification exprimé
par les présidents Bush et Obama, une nouvelle
tentative pour obtenir l’accord du Sénat a échoué en 2012.
-la convention internationale
sur les droits de l’enfant de 1990 : elle a été ratifiée par quasiment
tous les Etats des Nations-Unies, sauf les Etats-Unis et la Somalie (la ratification étant, sauf
erreur, en cours au Sud Soudan). Le président Obama a décrit cette non-ratification
comme une source d’embarras, mais l’opposition du Sénat étant connue, le texte
n’y a même pas été présenté.
-le pacte international sur les
droits civiques et politiques de 1966 : il a bien réussi à franchir le cap
du Sénat, et a pu être ratifié en 1992, mais
la ratification a été assortie de 14 réserves et déclarations interprétatives
(d’une validité douteuse au regard du droit international coutumier des traités), si bien que le statut
d’Etat-partie des Etats-Unis est largement symbolique.
Et l’inventaire
est loin d’être exhaustif.
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